Cinq jours de marche au coeur de la Sierra d'El Cocuy

Après avoir retrouvé notre ami Loïc, nous avons décidé de traverser une bonne partie du parc national naturel El Cocuy, où se réunissent les monts sacrés En effet, les communautés indigènes alentours considèrent cet endroit comme un haut lieu de spiritualité. Une petite semaine de marche nous attend pour parcourir ses cols, ses montagnes et ses vallées :)

Jour 1 – 28/01

De bonne heure, nous allons à la rencontre du lechero, le marchand de lait, qui nous conduira pour quelques pesos au point de départ de notre marche d'une petite semaine. Il n'est que 6h mais la place du village s'anime déjà : les randonneurs attendent le départ et les hommes du village puisent leur énergie pour la journée dans quelques tasses de café.

Nous quittons le village de El Cocuy à l'arrière de la camionette avec trois autres randonneurs et quelques campesinos du coin, abrités sous leur chapeau et réchauffés de leur poncho. Le vent fouette nos visages de son souffle glacial. Le petit camion grimpe toujours plus le long du chemin, jusqu'à atteindre 3900m d'altitude. Nous rejoingnons à pied l'entrée du parc. Après un p'tit café (soluble bien sûr!), nous entamons notre trek.

Nous voilà donc partis. Nous avons une bonne réserve de nourriture et les rivières nous fourniront une eau pure pour nous hydrater tout au long de la randonnée. Rapidement, nous comprenons que l'altitude va nous en faire baver : notre cœur s'emballe et notre souffle se raccourcit à la moindre petite côte. Nos sacs à dos alourdissent nos pas, qui se font de plus en plus lent. Finalement, l'altitude nous enivre, jusqu'à remuer nos esprits. Heureusement notre motivation et notre volonté d'avancer nous aide à progresser. Et puis, bientôt nous passerons ce premier col à 4410m qui nous rapprochera des pics enneigés !

C'est ensuite une longue descente qui nous mène au rio Calichal, à 4200m, où nous décidons de rester camper. C'est toute une installation qui alors s'annonce. En effet, notre tente a un léger soucis de condensation : la différence entre la chaleur du dedans et le froid de l'extérieur fait qu'il pleut à l'intérieur. Nous improvisons donc un système de double toit à l'aide d'une bâche, de grosses pierres et des bâtons de marche. Il n'est que 15h, mais nous restons tranquille, histoire de s'acclimater à ces hauteurs. Et puis, la brume commence à tomber. Nous profitons des lueurs du jour pour lire, écrire, se promener et se reposer. Le ciel s'assombrit et le froid arrive avec la nuit. On mange rapidement, puis on se réfugie dans nos tentes. Nous laissons la porte ouverte pour éviter au maximum la condensation, ce qui nous offre une vue presque magique sur la silhouette des montagnes qui se dessine sur une toile d'un bleu électrique mouchetée de millier d'étoiles.

Jour 2 – 29/01

Après un mauvais sommeil, on se réveille aux premières lueurs du soleil. Le froid et l'altitude ont agités notre nuit. Nos tentes sont recouvertes d'une fine pellicule de givre. L'herbe est encore gelée et l'eau est glacée. Heureusement, un bon café nous aide à nos réchauffer et nous réveiller.

Vers 8h30, on lève le camp, et directement on s'attaque à la seconde passe, qui s'élève 200m au dessus de nos têtes. Une fois sur la crête, nous découvrons la Laguna Plaza en contrebas qui nous offre ses doux reflets. Plus on se rapproche du lac, plus s'amplifie le spectacle. Les monts enneigés se reflètent sur cette immense cuvette. Une fine cascade qui s'écoule depuis le lac se déverse de petits bassins en petits bassins, et semble se jeter plus en aval dans une colossale mer de nuages. Ce panorama qui se déroule tout autour de nous semble irréel. Submergés par sa beauté, on se sent tout petit au milieu de ce décor à la fois gigantesque et enchanteresse... Ce lieu est une Merveille !

Ici, on décide de laisser nos sacs, le temps de gravir un mont qui s'élève à plus de 4700m. On progresse donc sur une paroi rocheuse qui s'incline à l'oblique. En grimpant, on surprend une petite chenille qui se hisse sur la pierre lisse, et une plante qui semble tout droit sortie d'un récif... qui aurait pu imaginer que s'anime la vie ici, dans ce désert de pierre, à plus de 4500m ?!

Une fois redescendu et les sacs remis en place, nous longeons le lac de mieux que l'on peut : heureusement que d'autres randonneurs ont laissé leur trace, en élevant des cairns qui indiquent la marche à suivre, sinon il serait impossible de s'orienter dans cet espace dénué de sentier. Il nous faut parfois escalader pour pouvoir avancer. Une fois le campement rallier, la grêle commence à tomber. Rapidement, nous installons nos tentes et nous nous édifions un véritable refuge grâce à une bâche, une couverture de survie et deux ponchos de pluie. Nous avons donc deux chambres, un coin salon et un coin cuisine, le tout à l'abri ! Ce soir encore, une soupe et quelques goulées de rhum réchauffent nos corps engourdis.